Au secours, sortez moi d'là ! /Q_Q/ [ PV Etoile d'Automne ]

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »

Le chaton argenté avança la tête hors de la verdure qui ondoyait de tout côté. Il avait encore une patte levée, dans la direction qu’il avait décidé de prendre. Devant lui il n’y avait plus d’arbres, ni d’herbes, ni de feuilles. Seulement quelque chose de gigantesque, qu’il n’avait encore jamais vu. Les odeurs qui se dégageaient de cet endroit particulier ne lui disaient rien, et c’était bien normal. Il n’avait pas vécu assez longtemps pour pouvoir identifier tout ce qui se trouvait autour de lui. Chaque jour était fait de découvertes, toutes plus extraordinaires les unes que les autres.

Il errait dans la forêt depuis quelques jours déjà, et il n’était encore tombé sur rien de semblable. Après avoir hésité de longues minutes, observant les lieux avec attention de ses grands yeux de chaton écarquillés, jusqu’à ce qu’il soit certain qu’aucun signe de vie n’avait été donné, qu’aucun être vivant n’arpentait les environs, il finit par sortir des frondaisons, et filer jusqu’au pied de ce qui lui semblait être une espèce de montagne sombre. S’il ne parvenait pas à trouver de quoi se nourrir dans la forêt, peut-être aurait plus de chance là-haut, quoi que puisse bien être ce là-haut ?

Il prit son courage à deux pattes, et surtout son élan, et sauta sur le premier bloc qui lui permettrait d’atteindre son but. La matière qu’il rencontra était bien différente de la terre, meuble et fraiche. C’était dur, sec, et sans odeur. Il apprendrait plus tard qu’on appelait cela « pierre ».

Ne se laissant pas déconcerter par cette découverte, il continua son chemin. L'ascension était parfois difficile, et il dut s’y reprendre à deux ou trois fois pour se hisser sur le dernier bloc. Chaque fois, il roulait sur le dos, sans se faire trop de mal, mais ne se décourageait pas pour autant. Il avait un objectif, et comptait bien l’atteindre. Il montrait déjà beaucoup de volonté pour un chaton de son âge.

Arrivé sur une sorte de grande plateforme de briques taillées, il commença à fureter un peu partout. Allait-il trouver quelque chose à se mettre sous la dent dans un endroit pareil ? Il faut avouer que ce n’était plus vraiment sa priorité.. Sa soif d’aventures avait pris le dessus. Comme tout chaton qui se trouverait sur un terrain inconnu, il fut pris d’une irrésistible envie de jouer. Et aussi sérieuse que fut cette épopée solitaire, elle fut dédramatisée par l’insouciance de son âge.

Après avoir donné quelques coups de patte innocents sur un morceau de planche de bois qui dépassait, emmagasiné et enregistré toutes les odeurs qu’il fut capable de trouver dans ces ruines, et s’être amusé avec toute une colonie de fourmis, dont une colonne faisait l’aller-retour entre un petit tas de pierres et un grand trou dans le sol, il finit par suivre ces dernières, et monta ses petites pattes sur le tas de pierre. De l’autre côté, il y avait un second trou. Tout à son observation, le chaton ne fit pas attention au fait que son propre poids dépassait de loin celui du barrage de pierres, et celui-ci s’effondra, précipitant notre aventurier du Dimanche au fond de l’éboulis.

Fort heureusement, il ne se prit aucune pierre sur la tête, et il y eut plus de peur que de mal. Une fois remis de ses émotion, il chercha un moyen de ressortir. Le trou béant s’ouvrait au dessus de sa tête, et lui laissait voir le jour, mais il n’y avait pas moyen de remonter. Décidé à ne pas faire la même erreur deux fois, et à ne pas se mettre à piailler pour appeler de l’aide, il essaya tant bien que mal d’escalader les parois. Mais ses petites pattes glissaient sur la pierre sans parvenir à s’y accrocher, et plusieurs fois il maudit cette matière friable, impossible à modeler.

Coincé, perdu, il se mit à tourner en rond parmi les pierres, en se forçant à continuer de garder le silence. Le trou n’était ni très grand, ni très profond, mais il ne savait pas comment sortir, et appeler au secours était hors de question. Allait-il finir ses jours ici, à mourir de faim dans cet endroit sordide ? Plus la panique l’envahissait, et moins il était capable de réfléchir à une solution.