Étoile Enflammée Admine Léyah «L'éternelle Flamme de ce fow»
Double(s)-Compte(s) : Nuage Boréal PUF : lea-angels Messages : 337 Date d'inscription : 02/05/2012 Localisation : Devant mon ordinateur...j'ai essayer derrière,mais on voit rien...
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| Sujet: L'Antre de Léyah Dim 1 Fév - 9:00 | |
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Bonjour et Bienvenue à toi en ce lieu étrange regroupant mon présent, mon passé et mon futur. Ici tu pourras observer mes deux passe-temps préférés : le dessin et l'écriture. Je ne suis la meilleure dans aucun de ces domaines, alors ne vous attendez pas trop à du sublime, magnifique ou autre... Tout cela je le fais pour mon plaisir, et par envie, donc essayez de rester un minimum polis si vous critiquez... Car bien entendu, j'attends vos critiques, oui, car c'est comme ça que je m'améliorerai ! Sinon, tout est entièrement réalisé par mes soins, alors pas de plagiat s'il-vous-plaît. Ne faites pas à autrui ce que vous n'aimeriez pas qu'autrui vous fasse ! Le plagiat est punissable par la loi, et c'est très désagréable de retrouver nos créations ailleurs, donc merci de respecter mon travail. Traite de bavardage, et place à mes trois Antres !
Antre de Dessin
J'ai commencé à me trouver une certaine facilité pour le dessin il y a environ 2 ans. Jusqu'alors, je n'avais que griffonné quelques petites choses sur du papier. Peu à peu j'ai pris goût à ce nouvel univers qui s'ouvrait à moi. J'ai tout d'abord beaucoup dessiné des loups, puis quelques créatures mythiques et récemment je me suis lancée dans des personnages. Je ne dis pas que j'ai uniquement dessiné cela, non au contraire, mais je dessine la plupart du temps un thème fixe par période, sans m'en rendre compte, jusqu'à ce que j'y arrive facilement et plutôt bien. À présent, voici quelques dessins avec un ou deux commentaires et la date de réalisation.
- Abandon:
Ce dessin est pour moi très expressif, car il représente une très sombre période de ma vie tout en la cachant aux autres. La tempête de neige représentait le tourbillon de tous mes sentiments négatifs de cette période, le loup mon envie de tout claquer, d'abandonner, et l'obscurité, vous vous en doutez, la noirceur de ces évènements. 02.03.13
- Élégance :
Future Cheyenne d'un forum spirit 8D Ah, je me savais pas capable de faire des crins comme ça *-* Reste à bosser les ombres des chevaux et niveau colo équine ce sera bien potable *-* 06.06.14
- Robe aubère:
Toute première tentative de colo d'une robe aubère, et, hanw, j'en suis plutôt fière *-* Faudrait réussir un peu mieux les crins, et je pense que ça donnerait bien ^^ Par-contre, j'ai pas fait les ombres, parce que d'habitude je les fait à la fin, et retoucher tous ces petits points, j'aurais tout gâché :s Il aurait fallu commencer dès le début ^^' Je saurai pour la prochaine fois (a) 01.08.14
- Cheyenne, futur avatar:
Hum... J'aime pas les crins x.x'' Sinon, je pense que ces ombres sont celles que j'ai le mieux réussi jusqu'alors ** 06.08.14
- Damon :
Mmh... Damooon *p* Pardon x'3 Donc, oui, futur DC de ce même forum aussi 8D Par-contre, les crins sont complètement loupés o/ Mais pour un premier test de colo d'une robe noire, j'aime, même s'il donne une impression de bleuté -qui était le but, puisque sa robe a des reflets bleutés x'3-. À noter que ma soeur s'est inspirée de cette colo pour son perso ici x') 08.08.14
- Shangaï coureur :
Il court il court le furet, le furet du bois joli, il court il court le furet... Pardon x) Dooonc, Shangaï en pleine course, très concentré 8D. Mais ces crins sont horribles o/ 22.10.14
- Shangaï avatar :
Encore Shangaï, mais cette fois-ci, cette colo me servira pour l'avatar. J'en suis assez contente, je dois dire ^^ 22.10.14
- Kinley :
Alors lui... Alors lui ! *p* J'en suis fière ** celui qui y touche, il se retrouvera avec un pinceau entre les deux yeux è.é Je vous présente donc la grâce incarnée, qui réunira bientôt tous les types de robes 8D Pie isabelle fumé pommelé pangaré o/ 28.10.14
- Soir de Noël :
Projet personnel, juste pour m'amuser XD Même que j'aime pas Noël .-. Mais après, j'ai écrit un texte dessus, et c'en est devenu la bannière, bien qu'il n'y ait pas énormément de points communs ^^ 24.12.14
- Damon :
Ah, il est beauuu ** Je l'aiiime ** Damooooooon o‿o 28.12.14 Antre d'Écriture
Regarde-moi. Regarde-moi dans les yeux. Plonge dans les abîmes de mon regard et n’en reviens pas, car là réside tout ce qui fait de moi ce que je suis. Je te laisserai alors effleurer mon esprit, entrapercevoir mon monde par la serrure d’une porte close. Et cette porte, tu ne pourras jamais que l’entrebâiller en lisant mes textes, car celle-ci m’est réservée, à moi et à moi seule, et personne ne saura m’en interdire l’accès. Découvre mon monde mot après mot, pas après pas. Vis avec mes personnages, retiens ton souffle autant qu’eux et ris à leurs côtés. Pourtant, cette porte se refermera à chaque fois, et ce bref instant de découverte se terminera sans plus attendre. Mais elle se rouvrira aussi longtemps que je le permettrai, et à chaque fois, ce sera une autre facette de cet étrange monde qui se révèlera à tes yeux… Laisse-moi t’y emmener…
- 1 Fuite :
Avec celui-ci, je suis arrivée deuxième au concours 2014 des jeunes écrivains de ma région, sur entre 20 et 30 participants =) Je vous la mets, mais pas touche, j'y tiens è.éIl fait sombre, j’ai froid. Tout mon corps est parcouru de frissons glacés pendant que mes dents claquent. Je regarde autour de moi, m’attendant à ce que mes yeux verts s’habituent à l’obscurité, mais non, je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez. À présent, j’ai peur. Je me demande ce qu’il se passe et ce qu’il va se passer. Je sens une présence, mais aucune respiration ne semble demeurer à part la mienne. Je me mords la lèvre, le souffle hésitant. Ma joue droite est humide ; une larme s’est frayé son chemin. Je tremble, je cesse de respirer. Aucun bruit ne me parvient, pas même un chant d’oiseau. Je reprends mon souffle, hésitante. Ma bouche est pâteuse et j’ai mal. Pourtant, il ne me semble pas être blessée. Cela ressemble plus à des courbatures. Oui, c’est cela ! Une douleur musculaire persiste dans tout mon être. Le sol est dur et froid, tout comme le mur dans mon dos. Ma position est inconfortable. J’essaie de bouger, de me redresser, mais aussitôt mes muscles me rappellent leur douleur. Je parviens tout de même à gigoter un peu, redressant mon dos contre le mur glacé. Je me demande pourquoi je suis là, pourquoi j’ai si mal, mais aucune réponse ne franchit les brumes de mon esprit. Un frisson plus fort que les autres me parcourt, je me recroqueville sur mon être. J’entends alors du bruit. D’abord léger, puis un peu plus fort. Des pas se rapprochent. Je tends l’oreille, le cœur battant la chamade. Vient-on m’expliquer ce que je fais là ? Mais non, le son s’affaiblit aussi vite qu’il s’est amplifié. Je soupire, laissant couler une seconde larme. Va-t-on me laisser mourir seule ici, dans le noir et l’air glacial ? Je ferme les yeux. Non, je ne veux pas mourir. La mort ne me fait pas peur, certes, mais je n’ai pas envie de quitter ce monde pour autant. Ici, j’ai des amis, des gens qui tiennent à moi. Je ne peux pas simplement baisser les bras et leur faire de la peine en m’envolant pour un univers meilleur. Je dois me battre pour survivre. Je tente de me redresser, une fois encore, et je parviens à améliorer ma position. C’est déjà ça. Je tente de regarder autour de moi, de distinguer quelque chose, mais non, toujours rien. Où suis-je ? En tous cas, il ne semble pas y avoir la moindre ouverture sur l’extérieur, sinon je verrais au moins un peu de lumière, même si c’est la nuit, au-dehors. Une mèche de mes cheveux noirs me dérange, me tombant sur le nez. Je lève mon bras dans un étrange cliquetis métallique et découvre que mon poignet est attaché au mur par une lourde chaîne. Mes membres doivent être trop engourdis pour que je sente sa froideur contre ma peau. Je chasse la mèche noire d’un geste de la main ; après tout, je n’ai rien d’autre à faire qu’attendre et réfléchir. Soudain, une ampoule s’allume au-dessus de ma tête. Une simple ampoule pendouillant du plafond. Je me trouve dans une sorte de sous-sol, comme une cave, sauf qu’il n’y a absolument aucune étagère. Les seuls objets sont des chaines solidement attachées aux murs, semblables à celles qui m’entravent. Un frisson glacial parcourt ma colonne vertébrale tandis que mon regard reste accroché à ces liens d’acier. Mais bientôt, j’entends des pas, et mon regard s’en détache. Je veux me relever, mais mes muscles sont encore trop engourdis et douloureux pour cela. Une clé fouille dans la serrure de la porte qui s’ouvre bientôt, et ma respiration s’arrête. Je me rends pourtant bien vite compte que cela n’a rien à voir avec moi. Deux hommes entrent, tenant fermement un garçon d’à peu près mon âge, qui se débat violemment. Ils le poussent brusquement, il trébuche et tombe à genou devant le mur en face de moi. Ils l’attachent et rigolent en lui donnant un coup de pied avant de sortir. Ils referment soigneusement la porte à clé derrière eux, comme s’ils craignaient qu’on puisse se libérer de ces chaînes. Je suis restée silencieuse, je ne voulais pas attirer leur attention sur moi. Je détaille le nouveau venu, avec ses cheveux bruns et ses yeux d’un noisette aux reflets légèrement fauves. Il est grand, certainement plus que moi, et semble mince mais légèrement musclé. Pas une seule fois il ne me lance un regard, il se contente de fixer le sol comme s’il voulait le tuer. Alors, d’une toute petite voix hésitante, je lui demande en bégayant : - Ç-ça va ? Il lève ses beaux yeux sur moi, surpris. Ne m’avait-il donc pas remarquée ? L’étonnement disparaît de ses traits, remplacé par un masque d’impassibilité. - Ouais. Je fronce les sourcils en remarquant du sang, sur son front et son menton ; il est blessé. Une coupure court de son sourcil gauche au milieu de son front, et sa lèvre inférieure est entaillée. Je détourne les yeux, je n’aime pas voir une personne mal en point. Cela ne lui échappe pas. Prenant ça pour un malaise à la vue du sang, il baisse la tête, et ses cheveux dissimulent son front. Je lui suis reconnaissante de faire attention à ce genre de choses, mais je m’inquiète tout de même, bien qu’il soit un parfait inconnu. - T-tu es sûr que tu vas bien ? La coupure a l’air profonde… De nouveau, ma voix m’a fait faux bond en début de phrase, et j’ai bégayé. Il relève légèrement la tête, juste assez pour que ses yeux se posent sur moi sans que je ne voie le sang. Il porte la main à son front dans un bruit métallique dû aux chaînes, l’effleure et répond d’une voix assurée : - Ce n’est rien. Il marque une pause, relevant entièrement la tête pour mieux me détailler, et demande : - Tu es là depuis longtemps ? Il me faut un moment de réflexion avant de hausser les épaules. - J-je ne sais pas… Quelques heures tout au plus… - Hum… Émet-il pensivement. Il ne dit rien de plus, détournant le regard, si bien que je peux poser la question qui me hante. Je crains la réponse, et pourtant, je la désire. Avant que je ne décide si oui ou non je dois le questionner, mon interrogation franchit mes lèvres : - Sais-tu pourquoi nous sommes ici ? Ses yeux se reposent sur moi, la réponse se fait attendre. Il a l’air d’en savoir plus que moi, et pourtant, il semble hésiter à me répondre. Que craint-il en me disant la vérité ? Les secondes défilent, devenant peu à peu des minutes. Le silence s’éternise, mais finalement, il répond, hésitant : - C’est… long à expliquer… Je hausse un sourcil. - Je pense qu’on a largement le temps, on ne va pas partir bien loin… Il sourit, cela l’amuse. Moi, je suis terrifiée en imaginant tout ce qui pourrait nous arriver. N’a-t-il donc pas peur ? S’en moque-t-il simplement ? Son regard se fait plus insistant tandis qu’il plonge au fond de mes prunelles. - Mieux vaut pour toi que tu ne saches rien. Désolé, mais ta vie risque d’être en danger si tu es au courant. - Ne l’est-elle pas déjà ? - Je ne sais pas… Après cet échange, nous restons longuement silencieux. L’ampoule se met à clignoter légèrement, à deux ou trois reprises, mais ne s’éteint pas. Ou plutôt, pas encore. Nous avons le même réflexe : lever le regard au plafond en priant pour qu’elle reste allumée. Je pense qu’il est temps de me présenter, après tout, nous resterons ici encore un bon bout de temps, j’imagine. - J-je m’appelle Lisa… Lisa Heartfillia. Ses yeux se reposent sur moi, juste un instant, puis il répond : - Steve Chambovey. - E-enchantée… Dans cette situation, apprécier une nouvelle rencontre n’est pas ma priorité, mais c’est par pure politesse que j’ai ajouté cela.
Depuis combien de temps sommes-nous enfermés ici ? Je l’ignore, je ne parviens plus à compter les heures qui défilent. Ma montre est attachée à mon poignet, mais elle est cassée, les aiguilles ne tournent plus. Un homme nous a apporté une bouteille d’eau et un peu de pain, tout à l’heure, mais il n’en reste plus rien, bien que nous ayons essayé d’économiser. La soif assèche à nouveau ma gorge et j’imagine que c’est pareil pour Steve. J’ignore toujours ce que je fais ici, et surtout pourquoi le jeune homme ne me l’explique pas. À chaque fois que je viens sur le sujet, il le détourne, ou me dit très clairement que je n’ai pas à savoir, que ce serait trop dangereux. Pourtant, je juge que j’ai le droit de connaître la vérité. Du moment que je suis enfermée ici à cause de ce que j’ignore, j’imagine que j’ai le droit de le savoir, non ? Quel est donc ce lourd secret qu’il me cache ? Et surtout, pourquoi me le cache-t-il ? Je ne pense pas que le danger soit la seule chose qui l’empêche de me le dire. Alors, d’une voix prudente pour éviter de l’énerver, je demande : - Steve ? Pourquoi tu ne veux pas me dire la raison pour laquelle nous sommes enfermés ici ? Ses yeux noisette se posent sur moi, pensifs, comme s’il cherchait une réponse appropriée à ma question. Il reste longuement perdu dans son propre esprit, à m’observer. Il me regarde, certes, mais j’ai l’étrange impression qu’il ne me voit pas, comme s’il regardait en réalité derrière moi. C’est une sensation assez étrange, surtout quand on a les yeux plongés au fond des siens. Le silence s’éternise, mais finalement, il répond : - Ça aussi, c’est compliqué… - Je pense que je pourrais comprendre. Il soupire, apparemment, il s’attendait à ce genre de réponse de ma part. Il finit par baisser les bras, et commence : - Et si je t’expliquais plutôt pourquoi on est ici ? C’est ce que tu veux non ? Je hoche la tête, mais de toute façon il n’attendait pas vraiment de réponse, il soulignait juste le fait. Il reprend : - Eh bien… Je ne sais pas trop par où commencer… Il marque une pause, pensif, et je respecte son silence. Finalement, il continue : - Hum… Est-ce que tu… possèdes un genre de don, quelque chose que les autres n’ont pas, et ne comprennent pas très bien ? Par exemple, peux-tu déplacer des objets par la pensée, parler par télépathie ? J’écarquille les yeux, surprise. Je sais exactement de quoi il parle, mais je n’appellerais pas ça un don, plutôt une malédiction. En fait, je ne suis pas sûre que cela entre dans ce qu’il entend par « don », car je n’ai jamais entendu parler d’autres personnes qui peuvent faire ce que moi je fais. Cela me paraît donc peu probable qu’il soit au courant de l’existence de cette faculté. - Je ne sais pas si cela compte, mais je… je peux voir des gens que personne d’autre ne voit… Et je peux soigner des blessures, mais sans le vouloir… Il semble étonné, stupéfait même. Il me regarde comme si mon nez était devenu mauve, avec de grands yeux ronds. Je fronce les sourcils, j’imaginais que lui comprendrait. Mais finalement, c’était stupide de ma part. Il n’est en rien différent des autres, il ne comprendra jamais ce que je vis, avec cette faculté pour compagnie. - Alors c’est vrai… Je… Je ne pensais pas que les gens comme toi existaient vraiment… Tu es une nécromancienne, les gens que tu vois, ce sont en fait des âmes errantes, des fantômes. Donc, pour en revenir au sujet, il existe donc des gens comme nous, dotés de dons qui effraient souvent les autres parce qu’ils ne les comprennent pas. Une espèce d’association s’est mis en tête de nous éliminer, ou de nous « guérir », je ne sais pas trop, mais c’est pour cela qu’on est ici. J’ai du mal à encaisser le choc. Tant d’informations en si peu de temps, et des choses que je n’aurais jamais imaginées, qui plus est, c’est assez assommant. Je reste donc muette un long moment, le temps d’encaisser. Puis je demande : - Je vois… Et toi, c’est quoi ton pouvoir ? Il sourit. - Regarde. Les reflets fauve de ses yeux semblent s’animer, danser dans son regard. Il avance ses mains, paumes vers le plafond, et me laisse totalement désemparée. Du centre de ses mains s’élèvent des filaments de la couleur du feu. Ils se mettent en boule, en pelote, et bientôt, c’est un oiseau de feu qui s’envole des mains du jeune homme. Il plane, battant des ailes, avant de se transformer peu à peu pour devenir un dragon, puis un lièvre et enfin une panthère. Puis les flammes s’éteignent, retombant en une petite pluie d’étincelles sur le sol, et je repose mon regard sur Steve qui me sourit. Tout ce que je parviens à dire c’est un « Waouh » admiratif, et il sourit de plus belle, laissant échapper un petit rire. J’aurais mille questions à lui poser, mais à mon avis, chaque chose en son temps. J’ai déjà suffisamment de réponses sur lesquelles réfléchir, et puis, j’imagine qu’assommer l’adolescent d’interrogations n’est pas la meilleure idée.
Les jours défilent, devenant peut-être même des semaines. J’ai perdu la notion du temps. Chaque jour, Steve m’en apprend d’avantages sur mon « don » que je considère pourtant toujours comme une sorte de malédiction, sur les autres facultés existantes et sur cette espèce d’association qui veut nous « guérir » ou nous éliminer. Il m’a par exemple appris à soigner une blessure volontairement, et j’ai donc cicatrisé la sienne, au front. À distance, c’est relativement compliqué, car il faut déployer plus d’énergie, même pour deux ou trois mètres, mais j’ai réussi. Pourtant, en faisant cela, je n’avais pas imaginé que cela attirerait autre chose.
Soudain, un froid caractéristique m’envahit, courant le long de ma colonne vertébrale. Tous mes muscles se raidissent, je me crispe, ma respiration s’interrompt et mon rythme cardiaque s’accélère. La sensation de sa présence me tord le ventre, il n’est plus très loin. - Qu’est-ce qu’il se passe ? Me demande Steve. Mais je ne peux pas répondre. Il est là, il se dresse devant moi avec son sourire qui me fait toujours aussi froid dans le dos. - Lisa ? Lisa, répond-moi ! La voix de mon ami me parvient, mais elle me semble si lointaine ! Son regard mauvais paraît si près de me happer que j’ai l’impression de perdre pied, de tomber. - Lisa, qui est là ? Demande Steve. Il a compris, mais c’est trop tard. Je me sens comme une souris sous le regard d’un serpent. Je ne peux plus bouger, la peur me tord l’estomac, son regard me cloue sur place. Je suis même incapable de penser clairement. - Eh bien Lisa, je te retrouve enfin ! J’ai presque cru que tu allais pouvoir m’échapper. Il s’approche, glissant plus qu’il ne marche, menaçant. Peut-il m’atteindre, me faire physiquement mal ? Je n’ai pas très envie d’essayer, même si, pour ce que j’en sais, les fantômes ne peuvent rien faire de réellement offensif. Il n’est plus qu’à deux pas. Je me colle contre le mur, terrifiée. Mais soudain, l’esprit disparaît derrière un rideau de flammes ardentes, tels des serpents enragés faisant rempart. Et lorsque le feu retombe en une pluie d’étincelles, comme la première fois, il a disparu. Si j’avais pu, j’aurais couru me réfugier dans les bras de Steve pour y pleurer toutes les larmes de mon corps, mais je me contente de laisser ces perles transparentes rouler sur mes joues, en silence. - Que s’est-il passé ? Mes yeux verts se posent sur lui, emplis de larmes. Je reprends le dessus sur ma voix qui aurait trop facilement flanché, et explique : - C-c’était un fantôme… Je l’avais déjà vu plusieurs fois, il semble… il semble me vouloir du mal… Enfin, je suis sûre qu’il m’en veut, mais je ne sais pas pourquoi… Tout ce que je sais, c’est que les flammes ne l’ont pas anéanti, il reviendra, et très certainement en colère. Steve reste pensif quelques secondes, puis tente de me rassurer : - Ne t’inquiète pas, d’après ce que j’en sais, les fantômes ne peuvent pas te faire de mal. - Et si celui-ci trouve un moyen ? - On l’en empêchera. À ce moment-là, j’ai plus envie que jamais d’aller me réfugier dans ses bras, de me faire réconforter. Mais les chaînes m’en empêchent. - Pour le moment, l’important, c’est de sortir d’ici. Je l’observe, fronçant les sourcils. - Mais… Comment ? Il reste pensif un instant à m’observer de la tête au pied. Il réfléchit à toute vitesse, apparemment, tantôt évaluant la serrure du bracelet qui retient son poignet, tantôt la porte. - Tu n’aurais pas une boucle d’oreille, une broche ou quelque chose comme cela, par hasard ? Je hausse un sourcil, surprise. J’ai bien des boucles d’oreilles, toutes simples, pendantes, mais j’imagine que n’importe quoi peut faire l’affaire… Sauf que je doute qu’il réussisse à crocheter la serrure. Pourtant j’acquiesce, les retire et les lui lance. Il les attrape d’une seule main, en plein vol, comme s’il a fait ça toute sa vie. Il me remercie du regard, puis s’affaire avec la boucle et le bracelet de son bras gauche. Les minutes s’écoulent lentement, me semblant s’étirer à l’infini. Pourtant, au bout d’un moment, le bracelet tombe au sol, laissant une simple marque violacée sur le poignet du jeune homme. J’écarquille les yeux, franchement étonnée, mais il s’attaque déjà au second bracelet, et ne s’en préoccupe pas. Cette fois-ci, il lui faut un peu moins de temps pour le détacher et bientôt, il se lève et s’approche, m’offrant un sourire. - Et heu… Pourquoi n’as-tu pas fait cela plus tôt ? Il rit, franchement amusé, s’accroupissant près de moi, fouillant dans la serrure avec ma boucle d’oreille à présent tordue. - Parce que plus tôt, tu étais en sécurité, ici. Sauf que ce n’est plus le cas, et s’ils apprennent que tu vois les fantômes et tout le reste, ils te jugeront trop dangereuse et t’élimineront. Je ne dis rien, me mordant l’intérieur de la joue. Ma vie est en danger à présent… Je détourne le regard, premièrement à cause de cette révélation, mais aussi parce que cette proximité me déstabilise. Il ne lui faut guère de temps pour me libérer, et je me masse les poignets, me relevant, tandis qu’il s’approche de la porte. Tout en s’affairant à l’ouvrir, il me dit : - Quand on sera dehors de cette cave, reste derrière moi, d’accord ? Et reste toujours près de moi, ne t’éloigne pas. - D’accord. Oui, j’ai confiance en lui, plus qu’en moi-même. Je ne sais pas me défendre, et ce n’est pas mon don qui m’aidera, tandis que lui, il contrôle le feu et il n’a pas l’air innocent à tout ce qui se passe ici. Si bien qu’une fois la porte ouverte, je suis ses conseils. Le couloir dans lequel nous pénétrons est totalement vide et silencieux, et nous avançons le plus discrètement possible. Mon cœur bat la chamade, j’imagine à chaque instant une dizaine d’hommes arriver de tous côtés, nous bloquant toutes les issues. Mais il n’en est rien. Notre progression se fait sans bruit, et nous restons muets. Mais soudain, des pas nous parviennent, se rapprochant. Steve se jette sur une porte, à gauche, et tente de l’ouvrir mais elle est fermée à clé. Les bruits se rapprochent. Il me prend la main et se met à courir, m’entraînant à sa suite, suivant le couloir, ne se préoccupant pas des portes, ce serait une perte de temps. Les hommes tournent l’angle et nous aperçoivent. L’un d’eux crie aux évadés et il n’en faut pas plus pour qu’ils s’élancent à notre poursuite. Ils sont quatre, tous armés d’un revolver, de matraques et de tasers. Je prends peur, mais Steve sait ce qu’il fait… du moins, je l’espère. - Arrêtez-vous, nous crie l’un des hommes, mais nous n’en faisons pas de cas. Nous tournons l’angle, et… nous voilà face à un mur avec une seule porte. Nous nous précipitons dessus, mais elle se révèle fermée. Nous nous retournons donc, faisant face. Nos poursuivant nous rejoignent, s’arrêtent à deux mètres et nous pointent de leurs armes à feu. Le jeune homme semble se mettre volontairement devant moi, et bien que j’aie peur pour lui, je ne peux m’empêcher de ne l’en apprécier que plus. Soudain, une barrière de feu se dresse entre eux et nous, mais une balle la traverse aussitôt, allant se loger dans l’épaule gauche de mon ami. Il grogne, manquant de tomber, se tenant le bras. Je crie son nom, surprise, terrifiée à l’idée qu’il puisse perdre la vie. Mais il n’en est rien. Il s’approche de la porte, ressort ma boucle d’oreille et entreprend de crocheter la serrure. La porte s’ouvre, donnant sur des escaliers qui descendent. Il les dévale, et je le suis, me mordant la lèvre, observant le sang qui teinte peu à peu son pull. - Steve, ça a l’air grave, on devrait s’arrêter. - Pas question. Sa voix glaciale me fait l’effet d’une gifle, et je n’insiste pas, le suivant. Nous traversons de nombreux couloirs, des pièces que j’ai arrêté de compter, évitant les hommes, les gardes ou je ne sais pas trop comment les qualifier, avant d’enfin tomber sur une porte qui semble donner sur l’extérieur. Mais elle est gardée. Nous restons donc à l’angle, accroupis au sol. Je ne peux m’empêcher de fixer son bras tandis qu’il analyse la situation. Bientôt, il me fait signe de courir, s’élançant lui aussi. Les gardes sont préoccupés par un tapis qui brûle, un peu plus loin, et nous passons derrière eux sans risques. La porte se trouve ouverte et nous sommes à l’extérieur, enfin. Néanmoins, je suis incapable de définir si nous sommes le matin ou le soir, tant je suis déboussolée. Le ciel est grisâtre, comme quand l’aube approche ou que la nuit tombe. J’espère que c’est le jour et pas l’obscurité qui va nous envahir, bientôt… Je n’en peux plus des ténèbres. Nous reprenons notre course, mais je vois bien qu’il ne se sent pas bien. Son visage est pâle, et la tâche sombre est d’une grandeur inquiétante. Nous continuons néanmoins, nous enfonçant dans un petit bois à l’aspect accueillant. Mais bientôt, Steve trébuche et il doit se retenir à un arbre tant il est fatigué. Sa respiration est courte, et ses sourcils froncés, trahissant son état. - Montre-moi. Il me regarde d’un drôle d’air, comme si… il s’avouait vaincu. Je m’attends à ce qu’il relève sa manche, mais il enlève carrément son pull, et se retrouve… torse nu devant moi. J’écarquille les yeux surprise, mais ne fais aucun commentaire. Là où la blessure est placée, remonter sa manche n’aurait pas suffi à la découvrir. Je m’approche, et l’étudie attentivement, légèrement mal à l’aise tout de même. La balle n’est plus à l’intérieure de la peau, elle a dû ressortir par un quelconque moyen. Il m’observe, je le sais, je le sens. Pourtant, je fais mine de rien, me concentrant sur ma tâche. Tout doucement, je pose ma main sur la plaie, délicatement, et je ferme les yeux. Je laisse mon pouvoir affluer, comme il me l’a appris, et je le lui transmets. Je visualise la plaie se refermer, cicatriser, et, quelques secondes plus tard, retirant ma main, il n’y a plus rien. Je recule, mais il ne cesse de me regarder. - Il faut qu’on avance, je tente sans conviction pour qu’il cesse cet étrange manège. Il me lâche alors des yeux, et les baisse sur son pull. - Il vaudrait mieux trouver un point d’eau, d’abord, si je laisse ce truc dégouliner de sang, ils arriveront à nous suivre. J’acquiesce alors, et le suis à travers bois. Il ne remet pas son pull, et j’ai peur qu’il attrape froid, car la saison n’est pas très favorable, l’air me semble glacial. Pourtant, pas une seule fois il n’éternue, et il ne donne pas l’impression de ressentir la morsure de la bise. Le ciel s’éclaircit de plus en plus, nous sommes donc à l’aube. Nous arrivons finalement à un point d’eau, sans aucun détour, comme s’il savait qu’il se trouvait là. Il s’agenouille, et entreprend de nettoyer la tâche. J’en profite pour me passer de l’eau sur le visage et boire, tentant de me laver un peu, car je dois être… imprésentable. Au bout d’un petit quart d’heure, nous reprenons notre route, mais son pull étant trempé, il ne le remet pas immédiatement. Je ne peux empêcher mon regard de parcourir son torse et ses abdominaux, juste un instant, avant de le détourner. - Tu sais, tu n’es pas obligée d’être comme ça, me dit-il. J’écarquille les yeux, gardant volontairement le regard loin de lui, rougissant. - Hein ? Comment ? - Eh bien, mal à l’aise. Tu sais, si cela me dérangeait, j’aurais déjà remis mon pull. - Oh heu… Oui, je le pense bien, mais… Enfin, voilà quoi. À vrai dire, je ne sais pas quoi émettre, comme objections. Alors je me tais, et il ne dit rien de plus. Nous continuons notre route, silencieux. Au bout de deux bonnes heures, faisant une petite pause assis sur un rocher, il se revêtit, son haut étant totalement sec. Je soupire… Mais est-ce de soulagement, ou… de déception ? Car je dois bien avouer qu’il est plutôt pas mal… Bon, d’accord, il est beau, franchement beau. À ces pensées, je rougis, et encore d’avantages quand je le vois m’observer à cet instant précis. Il sourit, amusé. Alors, sans vraiment réfléchir, je demande : - Pourquoi tu te donnes toute cette peine ? - Laquelle ? - M’aider, me sortir de là, me sauver la vie… Il détourne le regard, cachant son visage, restant muet. Et je regrette d’avoir posé la question. Il semble cacher plus d’un secret, apparemment. D’une petite voix, je reprends : - Je suis désolée… Là aussi, il reste silencieux, le visage dissimulé. Je baisse les yeux au sol, mal à l’aise. Il se lève, ses cheveux cachant ses yeux noisette aux magnifiques reflets fauves, et commence à s’éloigner, se dirigeant vers le petit ruisseau, non loin. - Tu as encore beaucoup de choses à apprendre, et toutes ne te plairont pas. Je fronce les sourcils, mais lui demander de s’expliquer serait inutile, il ne le ferait pas. Je commence à le connaître, après tout. Il fuit les questions qui lui déplaisent. Alors je n’insiste pas, m’interrogeant en silence sur les raisons de ces efforts.
Notre voyage dure des jours entiers, et nous nous nourrissons de plantes, de baies et d’animaux que Steve attrape grâce à des collets et qu’il fait cuir sur un feu avec si peu de fumée que je doute qu’on puisse nous retrouver. Pourtant, nous restons prudents et nous nous déplaçons aussitôt la viande cuite. Il m’apprend peu à peu à maîtriser mes dons, et notamment à chasser un fantôme indésirable, et l’occasion ne tarde pas à se présenter… Car l’esprit si peu apprécié m’a retrouvée. Il apparaît soudain devant nous, droit et fier, un rictus mauvais aux lèvres. Je bondis sur mes pieds, retenant un cri, écarquillant les yeux. Le jeune homme m’imite et me prends par le bras pour me prouver sa présence, qu’il ne me lâcherait pas, qu’il est là. Tous mes muscles se tendent. - Rappelle-toi ce que je t’ai appris, Lisa. Ne te laisse pas gagner par la crainte, transforme-la en énergie. Je ferme les yeux, tandis que mon adversaire s’avance, menaçant. Mais je peux sentir sa peur grandissante, quand il voit que je me concentre. Je fronce les sourcils sous l’effort, je transforme tous mes sentiments en cette étrange énergie que je peux capter, maîtriser, et je la repousse violemment. Le fantôme est alors projeté en arrière, et il tombe au sol. Pourtant, il s’y enfonce à moitié, comme s’il était totalement mou. Il n’a juste aucune matérialité. Je continue mon manège, il grogne, il jure, il s’élance sur moi. Je n’ai pas besoin de le voir, je le sais. Je le sens. Je le repousse une nouvelle fois, plus fort encore. Puis je prépare le bouquet final. Steve m’a également appris comment éliminer une âme, la détruire à jamais, lui interdire l’accès à l’autre côté, mais également celui à ce monde parallèle au nôtre dans lequel il se trouve actuellement. L’énergie s’accumule, mon ennemi se précipite sur moi. Et je lance mon attaque. Steve peut la voir, celle-ci, et elle rend le fantôme visible tandis qu’il s’éteint. Mon ami écarquille les yeux, surpris, admiratif. Et aussitôt après que toute trace ait disparue des évènements, mis à part une tâche noire au sol, je me jette dans ses bras, me blottissant contre lui, laissant mes larmes couler. Et un problème de résolu. Il reste cette étrange association. Pourtant, en la présence de Steve, je me sens parfaitement en sécurité, totalement protégée. Et je crois que j’ai bien raison. Après tout, jusqu’à maintenant, il n’a fait que me protéger. Et je sais qu’en sa présence, personne ne pourra jamais m’atteindre. Après tout, il contrôle le feu pour tenir les mortels à distance, et moi, je tiens les morts loin de nous. Nous sommes tirés d’affaire. Sa main me caresse délicatement la joue, et, de son pouce et son index, il me prend doucement le menton pour que je le regarde. Son visage s’approche, ses lèvres s’entrouvrent, et il m’embrasse. Un baiser tendre, empli d’amour, mais aussi de victoire. Je rougis, écarquillant d’abord les yeux avant de les fermer, ravie. Et je le lui rends avec douceur. Notre monde s’écroule autour de nous, plus rien n’importe. Ni associations étranges, ni fantômes vengeurs. Seuls lui et moi persistons au milieu de cette fin du monde prématurée.
- 2 Werewolves :
Il est tard, mais je me ballade encore. Ou plutôt, je fuis mon destin une fois de plus. Je ne veux pas retourner là-bas, je ne peux pas. Il faut que je parte, que je m'enfuie définitivement. Malheureusement, ils trouveraient un moyen de me retrouver, de me punir et de me ramener ici. Je ne me rappelle même plus pourquoi je suis ici, tout ce que je sais c'est que je veux m'en aller et surtout ne pas y retourner. Mais je ne peux pas abandonner Lisa à leurs traitements. Si je m'en vais, elle viendra avec moi. J'entends des voix, j'ai peur. Elles se rapprochent pendant que je tente de m'en aller, de trouver une cachette. Mes yeux me semblent briller dans l'obscurité, comme d'habitude. Je les ferme, et cesse de respirer. J'entends une nouvelle voix, plus autoritaire et menaçante que les autres. C'est lui, celui que je redoute le plus. Le meneur de tout cela, la cause de toutes ces souffrances. - Alors, vous l'avez trouvée ? Grogne-t-il. Je n'entends aucune réponse ; ils n'osent pas. Risquer de l'énerver est suicidaire, même pour eux. Et pourtant, moi, je continuais toujours à tenter la fuite, malgré ses sentences. Les voix se rapprochent, je tremble. - Bande d'incapables ! Elle est juste sous votre nez ! Gronde la voix autoritaire. Aurore ! Cesse ce petit jeu immédiatement ! Je ne répond pas, retenant mon souffle. Un petit coup de vent s'élève dans mon dos, faisant onduler mes cheveux d'or, mais aussi emportant mon odeur à mes poursuivants. J'entend immédiatement des pas de course dans ma direction. Je pivote sur moi-même et m'élance, sachant pourtant que ce devait être peine perdue. Je cours à en perdre haleine, je ne réfléchis plus, je n'ai plus qu'un but : leur échapper. Je sens alors une chaleur dans mon regard et dans tous mes muscles. "Non ce n'est pas le moment !" songeais-je en me mordant la lèvre. Quelques secondes plus tard, j'étais à quatre pattes, toujours en train de courir, sous la forme d'une louve au pelage gris très sombre et aux yeux bleus glacés. J'accélère, puisant dans des réserves que je ne me connaissais pas. Au lieu d'éviter les obstacles, je les franchis aisément, bondissant au-dessus des fourrés ou des ruisseaux. Il me semble que je distance peu à ou mes poursuivants, eux aussi sous leur forme lupine. J'arrive devant un haut grillage, et j'accélère. Je bondis, pose mes pattes sur les carreaux de fer et pousse sur mes pattes postérieures de toutes mes forces. Je parviens au sommet du treillis et bondis dans le vide sans réfléchir. Je me réceptionne tant bien que mal et reprend ma course. Je n'y croyais pas... Je venais de quitter cet endroit ! Je venais de franchir une clôture que j'avais connue si longtemps ! Comme si cette pensée me donne des ailes, j'accélère encore, confiante. La meute ne me suivrait certainement pas au-delà de cette barrière, mais mieux vallait être prudente. Et j'apprécie énormément de mettre de la distance entre cet endroit et moi. Je me sens libre, libérée d'un énorme poids. Mais il me reste encore ce fichu collier à retirer... Sinon je leur faciliterais trop la tâche pour me retrouver. En effet cette chaîne épaisse et lourde est munie d'un émetteur radio qui transmettais ma position à un appareil en leur possession. Losque j'étais sous forme humaine, il n'en restait qu'une jolie chaînette finement travaillée, certainement pour éviter d'attirer l'attention. Les secondes passent, défilent, se transformant en minutes puis en heures. Je n'ai plus aucune notion du temps, tout de que je veux c'est mettre de la distance entre moi et cet abominable endroit, c'est fuir. Et je fuis, m'éloignant toujours plus d'une énorme partie de ma vie. Peut-être que je la finirais si elle vous plaît, celle-ci
- 3 Réveille-toi ! :
"Réveille-toi !" Me réveiller ? Pourquoi ? Qu'est-ce que la réalité pourrait m'offrir ? Mes songes me suffisent. Ils me bercent, m'emmènent au rythme des flots dans un autre monde, bien plus lointain que vous ne pouvez l'imaginer. Ils me permettent d'étendre mes ailes. "La réalité te permettra de t'envoler." M'envoler ? Pourquoi ? Qu'est-ce que m'envoler peut m'apporter de plus ? Frôler le ciel ? Je le fais déjà du bout des doigts. "La réalité te permettra de le parcourir." Le parcourir ? Pourquoi ? La terre me suffit. Elle a tout à m'offrir. Le ciel ne saurait être qu'un passe-temps. "La réalité te permettra de rêver." Rêver ? Pourquoi ? Je le fais déjà ici, bien éveillée que je suis. "La réalité te permettra de connaître." Connaître ? Pourquoi ? Mon ignorance me convient et me suffit à survivre. "La réalité te permettra d'aimer." Aimer... ? "Aimer." Pourquoi ? Qu'est-ce que cela m'apporterait de plus ? "Une véritable vie." ...
- 4 Noël... :
Seule. Une fois encore, seule. Je regarde le feu dans l’âtre, les flammes danser un ballet compliqué et des étincelles s’envoler. Le bois se consume lentement, mais sûrement. Tout comme mon moral. Noël. Un Noël seule, une fois de plus… Assise à même le sol, les genoux ramenés contre ma poitrine, mes bras les encerclant, je reste immobile, le regarde perdu dans cet incendie dévorant. Voilà plusieurs heures déjà que je suis là. Je n’ai toujours pas esquissé un geste. Pour quoi faire de toute façon ? Je me sais incapable de trouver le sommeil, tout comme les années précédentes. Et pour faire quoi d’autre ? Regarder un film ?… qui parle de Noël ? De la joie de se retrouver en famille… ? Cette joie qui m’est interdite ? Non merci. Je préfère garder les yeux plongés dans ce feu. Ce feu brûlant capable de tout détruire sur son passage. Mais en vérité, mes pensées ne sont-elles pas à nouveau tournées vers ce garçon… ? Inévitablement. Je l’imagine autour d’un copieux repas, en famille, même s’il est déjà bien tard pour penser encore à manger. Je le vois recevoir ses cadeaux, manger son dessert… Les visages autour de lui sont troubles, je ne sais comment sont ses parents, ses oncles et tantes ou même s’il a des frères et sœurs. Je ne sais pas grand-chose de lui. Et en retour, il ne sait pas grand-chose de moi. En fait, on ne sait de moi que ce que je veux bien laisser paraître. Et ce n’est jamais beaucoup, ni très important… Je suis comme une ombre. J’existe, mais personne ne fait jamais attention à moi. Et pourtant…
Soudain, je sursaute, surprise par la sonnerie de la porte d’entrée de mon petit appartement. Désemparée, je crois m’être trompée, avoir rêvé ce son si peu familier car rarement entendu puisque je ne reçois jamais de visite. Pourtant, une seconde tentative pour me faire venir me prouve que je suis toujours et bel et bien réveillée –et en passant, lucide-. Lentement, redoutant presque qui je pourrais trouver sur le pas de la porte, je me lève et m’approche de cette dernière. La seule source de lumière de toute ma demeure est ce feu dans ma cheminée, et je ne prends pas la peine d’allumer quoi que ce soit. Pour quoi faire ? Payer des frais supplémentaires d’électricité ? Lentement, j’abaisse la poignée et tire le battant qui s’ouvre sans un bruit devant mes yeux écarquillés de surprise. Celui que je découvre dépasse tous mes songes les plus fous. Lui… ? Que fait-il là ? Il paraît d’abord surpris, mais un grand sourire se dessine alors sur son visage. Ravi de me voir ? J’ai comme un doute.
- Ryan.
Ma voix est à la fois une marque de surprise et d’interrogation. Je l’invite ainsi à prendre la parole et à me dire ce pour quoi il est venu.
- Bonsoir, Amanda.
Il marque une pause qui me semble éternelle. Il jette un regard par-dessus mon épaule, à mon maigre hall d’entrée et à mon salon plongé dans une semi-obscurité tremblante. Pour ma part, mon regard glisse sur le sol, en oblique. Je ne m’attendais pas à sa visite ; mes vêtements plutôt négligés, le manque de lumière, tout indique également le merveilleux Noël que je suis en train de passer assise au coin de ma cheminée. Je n’aime pas qu’il me voie ainsi.
- Je… Je ne te dérange pas au moins ? Je veux dire… Tu dormais peut-être… ?
Je secoue la tête négativement, lentement. Je n’ose prendre la parole, de peur que ma voix ne tremble ou ne s’étrangle dans ma gorge. Je ne peux pas non plus le regarder, il me met mal à l’aise, son regard bleu glacé me brûle. Pourtant, celui-ci est posé sur moi presque avec insistance, comme pour chercher le mien. Dans ses yeux bleus dansent les flammes de ma cheminée, les illuminant de mille reflets féériques. Mais à peine ai-je eu le temps de le remarquer que je regarde ailleurs. Leur clarté est contrastée par ses vêtements sombres et ses cheveux d’un noir de jais. Son visage aux traits fins, plongé dans la semi pénombre, semble à la fois appartenir à un ange et un démon. Je le sais, il est différent de moi, et il peut se montrer gentil comme moqueur et arrogant.
- Tu ne fête pas Noël ?
Ce n’est pas vraiment une question, plutôt un constat. Pour toute réponse, je hausse les épaules. Ces fêtes me dépriment, en vérité.
- Je n’en aime pas l’esprit…
Du coin de l’œil, je vois ses sourcils se froncer très légèrement. Comme à chaque fois, il semble troublé, mais uniquement en ma présence… Comme si j’étais un mystère de l’existence humaine. Peut-être est-ce le cas.
- Et ta famille ? Tu ne vas même pas lui rendre visite… ?
Encore une fois, c’est un constat. Mais cette fois-ci, je me rembrunis, et c’est un regard sombre qui se lève pour rencontrer le sien. Tout dans mon expression semble dire « Aïe, sujet sensible, ne t’y aventure pas. » Et à raison… Et c’est donc d’une voix plus froide que je reprends :
- Qu’est-ce que tu veux, Ryan ? J’imagine que tu n’es pas venu juste pour me faire un interrogatoire surprise… si ?
Masque, éternel masque. Jamais je ne lui aurais parlé ainsi s’il ne s’était pas montré si imprudent. Mais je suis comme ça. Quelque chose me dérange ? Hop, on l’élimine. Mais lui, je ne peux pas simplement lui fermer la porte au nez et m’en détourner sans rien dire.
- Heu… Je…
Il ne sait pas quoi dire : je l’ai pris au dépourvu. Et pourtant, il finit par se lancer :
- Je voulais t’offrir ton cadeau de Noël, en vérité.
À peine ces mots finis que l’un de mes sourcils finement dessinés se hausse, surprise.
- Mon… cadeau ?
Il acquiesce d’un bref signe de tête, et sort de sa poche une boîte. Une simple boîte en bois, longue d’environ vingt-cinq centimètres. Il l’ouvre et me la tend, un sourire aux lèvres. Je le regarde d’abord dans les yeux, puis, lentement, dans la boîte. Repose là une plume. Oui, une plume. Une grande plume aussi longue que la boîte qui la contient, brune rayée de noir, comme celle d’un faisan ou je ne sais quel oiseau de ce genre. Je cligne des yeux, je crois rêver.
- Je sais que tu aimes beaucoup écrire ; j’ai pensé que cela pourrait te faire plaisir, tout en étant utile…
Mes yeux verts plongent dans les siens, légèrement écarquillés. J’en reste sans voix. Comment sait-il cela ? Et pourquoi m’offrir si soudainement un cadeau ? Venir sonner à ma porte, prendre le risque que je me sois absentée… ? Une larme se glisse au coin de mon œil, prudente. Elle semble regarder à gauche puis à droite, s’assurer que le champ soit libre avant de finalement s’échapper et glisser jusqu’au fond de ma joue. Une unique larme, solitaire mais pleine de milliers de sentiments différents. Tristesse et joie en sont les principaux. Tant de Noëls gâchés. Tant de préjugés sur cette personne. Tant de masques brisés en l’espace de cinq minutes. J’avais tors ; il lit en moi comme dans un livre ouvert…
Dernière édition par Étoile Enflammée le Sam 21 Mar - 11:12, édité 1 fois | |
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