Les secrets ne le reste jamais longtemps.. [PV: Etoile d'Automne, Rêve de Lait et Flamme de Rubis]

L'aube c'était levée, tranquille et paresseuse, laissant se teinter le ciel couleurs par couleurs, teintes par teintes, offrant à mes yeux bicolores un étrange camaïeu, quoique magnifique et bref, qui me sembla durer une éternité, assise comme je l'étais devant la tanière des guerriers, contemplant la teinte du ciel, la nuit noire et sage désertant son trône au profil de l'aube qui bientôt se fonderait dans une masse bleue, noyé sous le bleu des beaux jours.. D'ailleurs, bientôt, plus aucune trace de ce même Aube n'occupa le ciel, qui nous dominait maintenant de son large manteau bleu. Enfin, n'ayant plus grand chose à contempler si ce n'est les quelques nuages vagabonds du ciel, je m'étirais doucement, sortant de mon inertie sans grand mal. Là, je jetais un coup d'oeil au tas de gibier, par habitude, et, constatant qu'il était légèrement plus garni qu'à l'habitude, un léger soupir de soulagement s'échappa de ma gueule, et je remettais à plus tard une partie de chasse, me promettant avant une matinée plus radieuse, allant voir quelqu'un que je considérais au plus au point.

Me levant donc, je prenais quelques instants de mon temps à ôter nœuds et brindilles de mon pelage immaculé et, donnais de grands coups de langues, plus appliqués que les autres jours, mais déchantais bien vite de les enlever tous, la chose n'étant ni dans mes habitudes, ni ne me donnant envie. J'abandonnais donc la tâche fastidieuse de me lisser le poitrail et d'ôter toutes saletés ou touts nœuds pour me mettre en chemin, les patrouilles ayant été soigneusement réparties et préparés la veille, tout devait être bon, et, revenant de mon rendez-vous, je chasserais, histoire de bien faire, et surtout de justifier mon absence, au cas où..

Je m'avançais donc tranquillement vers la sortie du camp, sachant que mon apprentie dormais surement encore, et qu'elle préférerait peut être rester seule de temps en temps, m'avoir tout le temps sur le dos devait certainement lui peser.. Je chassais ce tourbillons de pensées qui, tels milles nuages noirs tentaient d’entacher cette journée de leur encre venimeuse. Je continuais mon chemin sans encombre, ne croisant personne sur me route, mais, au détour d'un buisson, ma chance apparente tourna, et je voyais la fourrure rousse de mon ami et chef; Etoile d'Automne. Aussitôt, je faisais demi-tour, mais évidemment, il fallait que, prise de cours et stressée, je marchais sur une feuille morte qui émit un petit bruit imperceptible pour celui qui ne fait pas attention. Mais, si par malheur, le chat roux ne tenait pas à être découvert et faisait attention, c'était cuit, il m'aurait entendue, mais bientôt, des bruits de pas attirent mon attention tandis que je tentais un détour pour rejoindre Flamme de Rubis, de l'autre côté de la frontière. Pour rejoindre mon cœur et mon âme, l'être qui me permettait d'envisager une vie sereine, mes démons et fantômes y étant proscrit, définitivement enterrés. La seule personne qui m'avait vue différemment, pas comme une drôle de chatte aux yeux verrons. Une des seules personnes qui avait cherché plus loin.

Un mouvement capta mon regard, ainsi qu'un léger bruit, et bientôt, je me sentie comme épiée.. A moins que ce ne soit moi qui épiais sans m'en rendre compte ?