Mon attaque est-elle capable de l’emporter sur la vôtre ? || Etoile Chimérique

Le ciel était sombre. Sombre comme le moral de la jeune chef ce jour là. Elle avait du se lever aux aurores pour organiser les patrouilles de la journée et avait participé à celle de l'aube. Maintenant, elle arpentait son territoire à la recherche d'une proie qui lui foncerait tout droit dans la gueule, elle n'était pas d'humeur à se mettre en chasse et se contentait de marcher silencieusement en espérant qu'une souris ou un oiseau passerait devant elle. Malheureusement, le vent dont les rafales venaient ébouriffer son pelage semblait avoir effrayé toutes les créatures vivant dans la forêt, ce qui eut pour effet d'accroître l'état d'aigreur dans lequel se trouvait la femelle. Et pour empirer la chose, une fine pluie se mit à tomber, fine pluie qui s'attisa très vite, et bientôt Etoile Chimérique se retrouva trempée et de grosses gouttes vinrent brouiller sa vision. Elle pesta pour la centième fois de la journée et se mit à courir pour trouver un abris, ses pattes pataugeaient dans la boue, si elle avait bien horreur d'une chose, c'était de cette substance gluante sous ses coussinets, on ne pouvait pas dire de la chef qu'elle était douillette et délicate, elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait du se rouler dans la poussière où encore traverser des rivières pour son clan, mais aujourd'hui, la boue était vraiment en trop. Après quelques minutes de course, elle aperçue enfin la vieille grange qui se dressait sur ses terres depuis fort longtemps, celle ci n'était pas très confortable mais son toit, bien que fragilisé, pouvait encore abriter des intempéries. Elle ralentit son allure et observa les lieux, la grange avait l'inconvénient d'être située sur un plateau ce qui mettait la chatte noire à découvert. Tout semblait normal, en tout cas visiblement, car une fragrance inconnue chatouilla ses narines très sensibles. L'odeur qui lui parvenait était indéniablement celle d'une féline, mais elle ne reconnut aucun clan dans les effluves qui émanait de l'intruse. C'est donc avec prudence et curiosité que s'approcha la femelle. Elle n'avait pas peur des indésirables qui pénétraient sur son territoire car elle se savait très habile, autant avec les mots qu'avec les griffes et donc c'est presque avec joie qu'elle accueillit cette distraction inattendue. Les yeux étincelants à l'idée d'un combat proche, la jeune femelle posa une patte sur la paille humide qui jonchait le lieu abandonné, elle ne cherchait pas à se cacher, ce serait idiot de rater une telle occasion de remonter un peu son moral qui ces temps ci était ancré dans une ennuyante routine, et elle entrevue enfin celle dont émanait ce fumet si particulier. C'était une jolie chatte, un peu plus grande qu'elle qui possédait un pelage tacheté sur toute la longueur de sa fine taille. Ses yeux verts avait repéré Etoile Chimérique, mais là où d'habitude la chef voyait la peur et l'envie de fuir, elle découvrit une lueur d'amusement, ce qui la surprit. Normalement les intrus ne pensaient qu'à prendre leurs pattes à leur cou, mais celle là avait apparemment d'autres ambitions. Parfait, pensa la femelle au pelage noir comme la nuit, que le jeu commence.

« C'est étrange, commença-t-elle d'une voix sucrée et aguicheuse, mais il me semble que tu sois sur mes terres, que me vaut cette si délicate visite ? Viens-tu pour voir la grande Etoile Chimérique ? Je ne pensais pas que ma réputation était aussi étendue, tu m'en vois ravie. Et... A qui ai-je l'honneur de m'adresser ? Malheureusement nous ne sommes pas tous au même niveau à propos de la notoriété et j'ai beau essayer de me rappeler ton museau ne me dit strictement rien. »

« C'est étrange, mais il me semble que tu sois sur mes terres, que me vaut cette si délicate visite ? Viens-tu pour voir la grande Etoile Chimérique ? Je ne pensais pas que ma réputation était aussi étendue, tu m'en vois ravie. Et... A qui ai-je l'honneur de m'adresser ? Malheureusement nous ne sommes pas tous au même niveau à propos de la notoriété et j'ai beau essayer de me rappeler ton museau ne me dit strictement rien. » 

Je la fixais toujours, mon regard la prenait de haut bien entendu mais cette déclaration sous entendu me déplu un instant. Enfin seulement un instant, ce n'était pas en me provoquant que j'allais faire quoi que ce soit d'autre que de rester et d'à mon tour participer à cette conversation. Je ne pouvais perdre, c'était en quelque sorte une question d'honneur. Et je me savais très forte à ce genre d'allusion, à ce genre de déclarations. Ce n'allait pas être vraiment compliqué que de lui répondre en toute franchise, et avec amertume. Je n'aimais pas ce genre de personne, ceux qui me ressemble, je suis unique, moi seule manipule les autres, joue avec eux et les tue. Ne sait-elle donc pas devant qui elle se trouve ? Non personne ne me connais et cela est fait exprès. Je n'ai pas peur d'elle, c'est même amusant comme situation. Elle ne sait pas à qui elle à affaire, non elle n'en sait rien. 

« Cela ne m'étonnes guère que dans les fin-fonds bois où vous logés l’information ne vous est pas parvenue.  Ainsi, je serais sur tes terres ? Très intéressant, mais peut m'importe, et je suis vraiment, extrêmement désolé mais je n'aurais su en dire plus à ton égard, mis à part le fait que tu sois d'une de ses tributs aux effluves nauséabondes. Je suis Lune, la seule et l'unique. Je sais fort bien que tu ne me connais pas, car je suis partout à la fois, invisible dans l'ombre, ne laissant rien d'autre que des carcasses sur son passage. »  

Je marchais, la queue droite. Me frottant contre les obstacles, marchant dignement et prestement. Je savais très bien que je rentrais dans son jeu, je la provoquais, mais c'était exactement le but. Je la prenais de haut comme elle me prenait de haut. Nous étions d'un de ses mêmes caractères mais elle avait un défaut, elle faisait parti d'un de ces clans, était attachée surement à celui ci ainsi qu'à ses membres, moi je suis seule et peux faire vraiment tout sans ne jamais être bloquée. Je savais donc par une ancienne rencontre, que si elle était un tant-soit-peu fidèle à son clan ainsi que du code du guerrier, si c'était ainsi qu'il l’appelait, elle ne pourrait te tuer, toi tu en avais toutes les possibilités si l'envie te prenais. Tu t'arrêtas et fis ta toilette, ne voulant rien faire de plus que de l'ignorer en attendant une réponse.