La neige. (liiibre ~)

Il faisait jour depuis un certain temps, j'immergeai avec peine de mon profond sommeil, je sortais de ma tanière l'esprit encore embrouillé quand je sentis un contact froid avec mon ventre. Je fis un bond en l'air. Je venais à peine de remarquer l'étendue blanche et froide qui couvrait le camp. Il avait neigé. Je n'en revenais pas, je touchais avec mes pattes engourdies la neige pour me rendre compte que je ne rêvais pas. A chaque contact, je sentais toujours cette couche froide et humide. Me rendant alors compte que c'était la réalité, je décidais d'aller explorer le reste du territoire pour voir si il y avait autant de neige. J'avançais de bond en bond en suivant le chemin fait par mes camarades.

J'avançais dans l'étendue neigeuse sans vraiment savoir ou aller. Je peinais à distinguer les frontières qu'il m'arrivait de dépasser par mégarde. Mais me rendant vite compte, je me dépêchais d'aller du bon côté en vérifiant que personne ne m'avais surpris et continuais mon chemin. Partout, il y avait de la neige partout ! Sur les arbres, les buissons, rien n'y avait échappé ! Je revenais au camp en passant par la clairière. Je fut attiré par le fumet d'un merle qui trainait au sol. Un de mes camarades est surement passé par là, me dis-je. Je remontais la piste lentement avant de m'arrêter devant un buisson : la piste n'allait pas plus loin. Je m'infiltrais discrètement à l'intérieur, ne faisant aucun bruit. J'y surpris une chatte écaille-de-tortue, elle devait chasser sans doute. Je me tenais assis derrière elle, sans vouloir la déranger et j'attendais.

Elle ne bougeait pas. Un souffle chaud et humide -- c'en était presque rassurant -- glissait le long de son flanc, et la neige qui collait à son pelage fondait peu à peu au contact de cette supposée expiration. 
Elle cherchait à rester ainsi à chasser, ignorant la présence imprévue, mais son odeur, bien trop familière et amicale, la força à tendre le cou vers le félin. Le regard de Rose Diaprée se plongea quelques instants dans celui d'un bleu argenté du chat qui l'avait surprise, avant qu'elle cligne plusieurs fois des yeux, signe de confiance et d'amitié sincère. 

"Quelle bonne surprise ! Argent Glacial !" Elle ronronna, contente. "Je suis soulagée de ne plus être la seule à travailler. Enfin tu n'as toujours pas l'air très réveillé, mais ça ira !" Elle plissa les yeux, amusée. 

Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas passé de temps avec lui, elle l’appréciait sincèrement. Lui, il ne se prend pas la tête, il avance et ne se trompe jamais. Enfin je crois. Elle se leva doucement, de façon sage et frotta sa truffe légèrement humide derrière l'oreille de son camarade. Puis, toujours aussi peu précipitée, elle sortit du buisson dégarni. L'éclat de la poudreuse l'aveugla quelques instants. Cela n'a pas du tout fondu... La poisse, c'est bien parti pour tenir plusieurs jours. Rose Diaprée soupira, mais dès qu'elle vit à nouveau son ami, tous ses tracas s'étaient évaporés. 


"Tu as réussi à attraper quelque chose ? C'est une véritable misère, depuis que je suis arrivée, je n'ai attrapé qu'un pauvre merle. Mais bon, à deux, ce sera certainement plus facile." Elle fixait le matou, enfin silencieuse. Son pelage était nimbé de flocons qui brillaient au soleil, il devait certainement avoir froid. Les pattes dans la neige, tous deux paraissaient minuscule dans l'immensité laiteuse.