Même avec de lourdes souffrances dans le cœur, il faut bien continuer à vivre pour son Clan... [PV Ombre de Nuit]

Je n'avais jamais songé à la mort d'Etoile de Rêve, comment ce serait. Et bien figurez-vous que ce fut affreux. Voir la lueur de vie dans son regard s'éteindre à jamais fut comme une lame enfoncée loin dans mon Âme. La seule à m'avoir fait confiance dès le début, dès mon entrée dans les clans. La seule à avoir cru en moi alors que rien ne semblait me mettre en position de force. Elle m'avait toujours épaulée dans les plus sombres instants, toujours. Et maintenant, elle était simplement partie. Elle avait rejoint le Clan des Étoiles. Je baillais, n'étant pas parvenu à trouver le sommeil de la nuit. Je me levais, m'étirais, voyant que l'aube était proche, et sortis de l'Antre des Guerriers dans laquelle j'avais voulu passer ma dernière nuit. Je levais les yeux sur les dernières Étoiles qui disparaissaient, avant de rabaisser mon regard au sol, la queue basse. Je soupirais et, m'étant arrêté, repris ma marche pour m'approcher de l'Antre d'Ombre de Nuit. Autant partir tôt, peut-être aurais-je ainsi l'après-midi pour chasser un peu. Tous les félins dormaient, si bien que quand je m'approchais de l'Antre du Guérisseur, je me sentis bien égoïste de le réveiller si tôt juste parce que j'avais envie de partir tôt... Alors je fis demi tour, silencieusement, et partis m'assoir près d'un fourré. J'attendrais qu'il se réveil de lui-même. L'attente me parut longue, encore plus que ma nuit sans sommeil. Peut-être justement était-ce à cause de cette nuit blanche que le temps me paraissait long. Je luttais contre l'engourdissement qui m'envahissait peu à peu. Je me couchais, posais la tête sur mes pattes pour détendre mes muscles endoloris, et finalement le sommeil me gagna, là, allongé à côté d'un fourré dans le camp silencieux. Mon temps de repos ne fut pas long, car une patte me secoua en m'appelant. Qui cela pouvait-il bien être ? Peut-être Ombre de Nuit, ou alors un félin ayant à me parler. J'ouvris une paupière, avant de me lever d'un bond. Le soleil pointait déjà à l'est, mais combien de temps avais-je dormi ?! Puis je me tournais vers le félin qui m'avais réveillé, et je le reconnus aussitôt.

Ombre de Nuit était là, assis à côté de moi. Je plongeais mon regard d'émeraude dans ses yeux et il se leva pour s'approcher de l'entrée du camp, sans mot dire tout d'abord. Je m'étirais pour détendre mes muscles crispés par le sursaut, et lui emboîtais le pas. Lorsque je l'eut rejoint, il me dit :
- Tu ne dois pas manger, tu dois être à la Pierre de Lune a jeûn. Allons-y.
Non, sérieusement ? Je ne savais pas. Sarcasme, oui. Enfin bon, je ne m'éternisais pas sur ce détail et interpelais un Guerrier à qui je confiais le camp pendant mon absence. Puis j'emboitais le pas d'Ombre de Nuit qui sortais déjà du camp. La journée promettait déjà d'être très chaude, mais nous n'y prêtions pas attention. Sur notre passage, les oiseaux chantaient, comme dans une conspiration magique pour mon baptême de chef. Mais ce petit enchantement forestier allait se briser bien vite, car toutes les pertes d'amis que j'avais affrontées jusqu'à maintenant me revenaient en mémoire. Ma mère, de qui j'avais été séparé très jeune. Ficelle et Vanille, mes deux amis d'enfance. Pétale de Fée, mon ancienne compagne. Et maintenant Étoile de Rêve, la première à m'avoir accordé toute sa confiance. Il ne me restait plus beaucoup d'amis sur qui je pouvais entièrement compter. Il restait qui ? Poison Versatile ? Qui d'autre ? Pas grand monde... J'étais triste, oui, mais je le cachais. Je regardais droit devant moi, marchant sans pause de ma démarche souple et décidée. Je ne tardais d'ailleurs pas à devancer Ombre de Nuit, malgré mes tentatives de m'adapter à son rythme, et je m'arrêtais pour l'attendre. Nous n'étions pas en de très bons thermes tout les deux, et cela n'arrangerait rien que je sois à cent mètres devant lui. Lorsqu'il m'eut rejoind je me remis en marche, plus doucement.